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                                                       « JE SAIS FAIRE UN ARC-EN-CIEL ! »

 

 

 

Nous avons passé la journée à en chercher un !

 

                                                  ****                                                                   

 

Notre quête a débuté au jardin, juste après la pluie matinale. Mais, à peine a-t-elle scruté, sans rien y trouver, la gaze fraîche des nuages, qu’elle a tourné ses yeux vers le sol :

 

-       « Là...Là...Papicha...j’en vois un... !

 

Elle me montre alors la coquillette minuscule d’un escargot niché au creux de sa paume rose.

Et d’ajouter :

-       « C’est un bébé ! c’est un riquiqui bébé !

 

Puis poursuivant notre cueillette sous les herbes perlées :

-       « Là...un autre... ! et là...un moyen et un gros...ohhhh nôô^n....mais pourquoi ils sont tout creux ?...

-       « C’est parce qu’ils ont grandi ! Ils sont venus dans ce petit coin pour changer d’habit !...

-        

Légère moue de Tiya. Je passe à autre chose :

-       « Veux-tu que je te dise un secret ? »

 

 Interrogative, elle attend la suite :

-       «  Si tu en mets une à ton oreille, tu entendras la mer !

 

Et, comme il fallait s’y attendre, elle m’assure percevoir le ressac des vagues lointaines sur une plage imaginaire.

 

Voilà ! 

Ainsi, par la simple légèreté du jeu, nous venons de balayer en deux phrases et un geste l’inquiétude enfantine générée par l’absence et le vide !

En donnant une seconde vie – musicale - à cette conque déshabitée, nous venons, en dix minutes, de parcourir le cycle merveilleux des métamorphoses de la vie.

 

Mais, pour autant, aucun hémi-cercle lumineux n’est encore venu enchanter le fond gris du ciel !

 

Un peu plus tard, tandis que nous roulons en direction de Laruns, sous une météo caniculaire, des gouttes aussitôt sèches viennent s’échouer sur le pare- brise. Mais il y en a suffisamment pour déclencher la mise en route automatique des balais d’essuie-glace. Cela nous vaut une exclamation d’espoir en provenance de la banquette arrière :

-

« Choueeette ! la pluie ! la pluie ! il va y avoir un arc-en-ciel ! »

 

Aussitôt - solidarité oblige ! - nous faisons chorus en rythmant des mains :

 

-       « L’arc-en-ciel ! / L’arc-en-ciel !/ L’arc-en-ciel ! / On/veut/ L’arc-en-ciel ! »

 

Mais le peintre magique semble, décidément, faire grève du zèle aujourd’hui !

N’y tenant plus, je me saisis du clavier imaginaire du plat de ma main. Auparavant je m’enquiers auprès de Tiya :

-       «  Et si je l’appelais pour demander ce qui se passe ? »

 

Perplexe, - et néanmoins joueuse ! - elle m’encourage à persister :

 

-       «  Allôô ! Mr l’arc-en-ciel...Bonjour... ! Que se passe-t-il depuis ce matin ? Vous n’accompagnez plus Mme La Pluie ? Pourtant les escargots étaient sortis vous voir, mais ils ont été très déçus et sont retournés dans leur maison...Quoi ? ....Comment dites-vous ? Ah...il fait trop chaud pour vous ?...et...vous sortirez peut-être dans l’après-midi ? Bien ! Merci Mr l’Arc-en-Ciel, alors à tout à l’heure peut-être ... !

 

Tout au long de ma mise en scène, Tiya s’est tenue coite dans mon dos. L’oeil oblique dans  mon rétroviseur, j’ai noté  à quel point elle était attentive à mes paroles, curieuse de savoir ce que j’allais encore inventer la phrase d’après :

 

-       «  Moi je crois qu’il ne sortira pas du tout ! » lâche-t-elle soudain...

-       « Tu sais »rétorquai-je, les arcs-en-ciel sont très demandés un peu partout ces jours-ci ! »

-       « Pourquoi ? » me demande-t-elle ...

-       « Ben, parce qu’il y a beaucoup d’orages en été ! À peine ont-ils le temps d’aller se reposer que Crac ! Voilà qu’on les rappelle ailleurs... »

 

Tya reste à court d’arguments .

D’abord elle semble se renfrogner un peu, puis se met à chantonner tout en faisant et défaisant les tresses blondes de sa poupée. Enfin, rompant la monotonie du bruit du moteur :

 

-       « Mémy, on est bientôt arrivés ? »

 

Par chance, le panneau d’entrée dans Laruns vient faciliter la réponse :

 

-       « Tout juuuuste !On va chercher une place à l’ombre et aller au restaurant !

 

-       « Coooooll » entend-t-on au fond de l’auto ! 

 

Et, tandis que nous  descendons de la voiture, des rafales de vent chaud, annonciatrices d’ondées montagnardes, viennent nous envelopper . L’air est suffocant, vite...vite...un endroit frais....

À deux pas, l’église Saint Pierre, où se niche Notre Dame d’Ossau, nous ouvre une petite porte latérale.

Portée par la candeur de ses Six ans, Tiya paraît se délecter de l’atmosphère de ces lieux féériques où l’insolite et le merveilleux semblent capter toute son attention : lumignons, statues, fleurs, échos, dorures, paroles chuchotées. Il y a du secret dans l’air, - qui sait ? - peut-être du mystère...et cela semble bien loin de lui déplaire !

Ce qui m’émeut et me rapproche d’elle, en pareilles circonstances, c’est notamment sa soudaine abstraction de toute velléité consumériste, laissant le champ libre à un tout autre dialogue, à travers des faisceaux de perceptions plus « immatériels »  entre adulte et enfant.

Car, c’est mon intime conviction, ils en possèdent à profusion !

Nous faisons ensemble le tour du transept, de la nef et du choeur, nous attardant aux bouquets odorants de lys et de roses du jour, mais également aux deux cloches gigantesques disposées, à même le sol,  de part et d’autre du maître-autel.

 

Et, d’ailleurs, à peine sommes-nous attablés pour le déjeuner que le clocher carillonne les douze coups de midi. Tiya n’éprouve aucune réticence à se persuader que se sont ces mêmes cloches qui sont montées dare- dare depuis  la nef pour faire leur travail .

 

Ô bienheureuse créativité enfantine, toujours encline à imaginer des chorales de cascades dans la chanson d’un filet d’eau, ou encore à voir un grand lac dans la vasque exigüe d’une fontaine de village.

Devant un tel potentiel d’enchantement, le septuagénaire voudrait redevenir petit. Ou, plutôt, se rend-t-il à l’évidence qu’une part essentielle de lui-même est restée intacte dans un écrin que l’âge adulte a, un jour, refermé.

Mais pas pour toujours !!!...

Non !

Et, j’en ai eu maintes fois la preuve, en dépit de l’accumulation des années.

Par exemple, lorsque j’imagine que les jeunes hirondelles, voletant d’un fil à l’autre au bord de mes chemins de marche, sont en train de m’accompagner au petit jour.

Autre exemple, quand je ...

Mais j’y consacrerai plutôt spécifiquement un prochain écrit....

 

Car, pour l’heure, en ce milieu d’après-midi, je scrute avec Tyia les cumulonimbus qui déchirent leur ouate grise sur les pics pyrénéens.

Juchée sur une ponette dont je tiens le mors, elle me confie que je dois hâter la petite balade entre les crottins du plateau du Bénou, car Mémy, qui a toujours les yeux rivés sur la vitre bleutée de son portable, nous a dit à l’instant :

 

-       « Ils annoncent des orages à partir de seize heures ! »

 

J’avoue, moi aussi, les attendre impatiemment ! Moins pour assister à la céleste apparition tant appelée par Tyia que pour que cessent enfin les 32 degrés de cette canicule en altitude, tellement rare au coeur des massifs béarnais.

Et ce, d’autant que la lourde chaleur rend la ponette nerveuse, têtue, indocile et de plus en plus difficile à conduire, m’obligeant à déployer une débauche d’énergie et de sueur.

 

Alors, bizarrement, inexplicablement, depuis les nouvelles aberrations climatiques de la décennie, il nous faut aller chercher le frais dans la vallée, c’est à dire sur le chemin du retour.

 

Et, c’est à l’approche de Rébénacq , dont l’évocation restera désormais mémorable en raison de ce qui va suivre, que Tiya proclame haut et fort sa découverte joyeuse de la journée :

-       « OOOhhh ! Regardez ! ...Ça y est... ! Je sais faire un arc-en-ciel ! Je sais faire un arc-en-ciel !

 

 

Je stoppe l’auto sur le premier talus .

 

Nous nous retournons vers la petite...

 

Radieuse, triomphante, elle refait sous nos yeux son geste créatif, arrosant de son brumisateur un rayon de soleil qui traverse l’habitacle.

Dans l’allégresse de son rire, une poudre vaporeuse, colorée du rouge jusqu’au violet, se répand alors pour se dissiper instantanément.

 

Subjuguée par sa trouvaille, Tiya la recréera jusqu’à l’épuisement du flacon, s’émerveillant à chaque pression sur le bouton de l’apparition, de son photométéore providentiel.

 

 

                                         Elle a bâti un pont entre la réalité et les rêves !

 

31/08/2022

 

 

 

 

 

 

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