Il y a peu de temps, écoutant distraitement  Chopin (Nocturne 20), je me suis senti traversé par une sorte de ferveur . Comme si le Maestro était là, comme si, aquilon sur l'âme,  je "comprenais" soudain ses grappes de notes ! 

Quelques poèmes sont nés de cette rencontre . Je vous les propose en lecture et illustration sonore.

Écoutez, lisez, savourez...À tout à l'heure !

D.H. 

( Ci-contre :"Serce Chopina" - "le Coeur de Chopin-", par Max Biskupski, buste situé dans la cour intérieure du Conservatoire Fryderyk Chopin à Varsovie).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                           NOCTURNE 20

 

Suspension …six accords…un soupir…et l’ennui,

 

Futile, disparaît quand la première note

 

Capture mes frissons et me tend les menottes :

 

Chopin me fait cortège à chaque bout de nuit !

 

 

 

Ses arpèges, légers, subliment le silence

 

Qui s’offre, se déplie, répond à l’Inspirée,

 

Mystérieuse, obsédante, aérienne, épurée

 

Mélodie qui me perce l’ouïe comme une lance !

 

 

 

Nocturne semble doux, Nocturne semble triste,

 

Comme l’est un poète en émoi transporté

 

Par un piano en pleurs, une flûte enchantée,

 

Troublante apesanteur d’une âme équilibriste

 

 

 

Jouant du balancier, là-bas, dans les hauteurs !

 

 

 

Dominique HILLOULiN

(texte protégé)(également présenté sur Short-Edition.com)

 

(06/12/2016)

 

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Un des Nocturnes les plus longs de Chopin, certainement l'un des plus dramatiques. d'aucuns le considèrant  comme son véritable journal intime.

L'oeuvre est écrite en Ut mineur . Année 1841.

Écoutons, savourons, de "Lento" à "Poco piú Lento !

Et imaginons nous le couple célèbre G. Sand/F. Chopin!

 

D.H.

 

PASSERELLES…

 

 

 

George Sand, accoudée au Pleyel, suit les mains

 

Cherchant la note bleue sur les touches de moire,

 

Lentes suites d’accords égrenés sur l’ivoire…

 

Chopin est au piano ! Soucieux des lendemains,

 

 

 

Si malade déjà, souffreteux, déclinant,

 

Solennel comme l’est l’atmosphère tragique

 

De ce Nocturne Treize, austérité magique

 

Dans un ornement simple au tempo alternant.

 

 

 

Ce soir, cercle d’amis dans un salon privé,

 

Fryderyk Franciszek ouvre des passerelles,

 

Tristes mélancolies et fuite intemporelle,

 

Temps de recueillement vers un monde rêvé.

 

 

 

Il va voler le temps qui, dans l’obscurité

 

De la nuit musicale hisse l’imaginaire

 

D’auditeurs éveillés aux octaves lunaires

 

Et gomme les contours de la réalité :

 

 

 

Des basses ondulées ou des accords brisés,

 

Profonds soubassements d’une douleur intense,

 

S’amplifient librement, chef d’œuvre de violence

 

Domptée dans un opus aux tourments apaisés

 

 

 

Dès que la mélodie, par un souffle léger,

 

Poussée tel un esquif dessus de sombres vagues,

 

Tempère l’émotion de l’âme qui divague

 

Et finit, longue plainte, en calme passager.

 

 

 

Avant de saluer, Chopin mime un balai

 

Du revers de la main, comme effaçant le rêve

 

En chassant sa buée, insaisissable, brève,

 

Ineffable moment romantique, relai

 

 

 

Vers de lointaines voix  qui parlent aux poètes !

 

 

 

Dominique HILLOULIN

 

(10/12/2016)

 

(texte protégé)

- poème également présent sur  Shortédition.com

- poème également présent sur  "Chopin l'Intemporel" : http://fredericchopin.canalblog.com/

 

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Automne 1838. F. Chopin et G.Sand, amants depuis cinq mois, vont passer l'hiver sur l'Île de Majorque (Espagne). Selon leurs amis parisiens, il s'agira (sic) "d'une expédition mal préparée".

L'endroit où ils séjournent est situé sur un plateau très vulnérable aux pluies des montagnes voisines.

Un soir, à la nuit avancée, George revient d'une excursion et trouve Fryderyk au piano, immobilisé, apeuré...

Suivons cet instant de vie, écoutons, lisons ...savourons ! Car George m' a raconté  ;-))

 

D.H.

LA DICTÉE D’UN GÉNIE

 

 

et G.Sand me dit…

 

« Je rentrais de Palma, ruisselante, abîmée,

L’Île, défigurée par des pluies diluviennes !

Notre chauffeur, craignant que l’ouragan survienne,

Nous avait refusé son secours. Déprimée,

 

Soucieuse à la pensée que, seul, il attendait

Dans l’immense Chartreuse où tout n’était que ruine,

J’avais forcé le pas dès l’accalmie de bruine

Serrant mon fils en pleurs dont les traits se tendaient

 

Chaque fois que le ciel passait le mur du son.

À peine fus-je entrée, je le vis, blême, exsangue,

Presque désespéré, parlant dans une langue

Étrange à mon esprit, tout en jouant des sons

 

Sublimes…mystérieux – la dictée d’un génie ! –

Il prononçait des flots de mots imaginaires,

Certifiant voir un lac, des noyés poitrinaires,

De l’eau chue dans son cœur… s’obstinait au déni

 

D’un mirage causé par les trombes du jour !

Il visualisait, avant que de l’écrire,

Raindrop* qui l’habitait : rubato et délire,

Comme une incubation dans un lointain séjour !

 

Mon regard l’apaisa. Lui, moi, notre entre-soi

Eurent bientôt raison des funestes vertiges,

La muse suspendit les mains de mon prodige

Et j’ouïs à nouveau, tenue aux fils de soie,

 

Frémissements du maître, aisance du doigté

Patineur d’eau, léger, atomes d’air sur l’onde,

Notes bleues en colliers mélodiques, fécondes,

L’alchimie de Chopin ! m’ouvrant l’éternité .»

 

* Raindrop, prélude, Op 28, No 15

 

Dominique  HILLOULIN

(17/12/2016) texte protégé

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  • #1

    pierrette (samedi, 28 janvier 2017 10:47)

    C'est cet ensemble que je préfère.

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Composé lors du séjour sur l'Île de Majorque. Appelé le prélude " Suffocation", en raison de son atmosphère de désespoir. Sur la demande de Chopin, cette oeuvre fut interprétée lors de son propre enterrement ( ainsi que le Requiem de Mozart). Ce morceau a connu un grand héritage culturel jusqu'à notre époque: soundtrack de fims - parmi eux The Pianist-, rap, Gainsbourg, musique de jeux vidéo...

Imaginons ces instants de vie à la Chartreuse de Valdemosa . Chopin me les a confiés :-)

Écoutez, lisez, savourez...à tout à l'heure !

D.H.

 

 

- Hiver 1838,

CHOPIN ME DIT

 

 

« Je jouais, je jouais, ses regards m’inondaient !

Ses iris dans les miens, douces planètes sombres,

Singulières lueurs embrasant ma pénombre

Et nos âmes unies, je crois, vagabondaient.

 

Valdemosa : souffrance, attente et longues nuits,

Un monastère, un cloître, et l’or de ma compagne,

Majorque romantique, aux confins de l’Espagne,

M’arrachaient des douleurs et trompaient mon ennui

 

Loin des fines soieries des raouts parisiens.

« Préludes », s’achevait, Elle écrivait en prose,

Un roman* sur l’Hiver dans l’Île où ma névrose

Trouvait en son amour un refuge oasien.

 

Aggravant ma phtisie, des pluies accompagnaient

Les gens du lieu prenant des chemins de traverse

Pour ne point nous parler, anonymes adverses,

Réfractaires, froussards et qui nous dédaignaient.

 

Nonobstant mes fantômes, ma toux et mon sang

Je poursuivais mon œuvre, aux heures soleilleuses

De meilleure santé, quand la muse rieuse

Parcourait mes portées, d’un galop de pur sang.

 

La vie me revenait par les cris des enfants,

Le lierre et ses festons, les roses sous la neige,

Les guitares au loin et l’incessant manège

D’oiseaux venus fêter mon retour, triomphants.

 

Je composai beaucoup, romantisme fécond,

Perles de la douleur, sanctuaire sordide !

George, égérie modèle, écoutant, le cœur fluide,

Ma musique, charmée comme Dame au balcon.

 

Puis nous sommes rentrés en France après l’hiver,

Barcelone, Marseille, enfin la capitale !

 Les fêtes, les amis, la nuit instrumentale

Et, toujours, près de moi, envoûtant univers,

 

Les battements de cils  de Ses beaux yeux de moire. »

 

 

*G.Sand, Un hiver à Majorque

 

 

Dominique HILLOULIN

(13/12/2016) (texte protégé)

(également présenté sur Short-Edition.com)

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